Dans un contexte où enjeux sociaux et environnementaux prennent une place toujours plus grande, la Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) n’est plus une option mais un levier stratégique. Pourtant, beaucoup d’entreprises hésitent encore sur le moment idéal pour intégrer la RSE dans leur stratégie globale, faut-il commencer dès la création ou à l’atteinte d’une certaine taille d’entreprise ?
Cet article vous propose d’explorer les déterminants, les étapes et les bonnes pratiques pour faire de la RSE un pilier durable de la performance.
Qu’est-ce que la stratégie RSE ?
Avant d’aborder le quand, clarifions le quoi :
- Une stratégie RSE consiste à établir un plan d’actions économiquement viable dont les impacts sociaux, sociétaux et environnementaux sont positifs, alignés aux valeurs et aux objectifs.
- Elle se fonde notamment sur la norme ISO 26000, qui fournit un cadre pour intégrer les enjeux sociétaux de façon cohérente.
- La RSE ne se limite pas à des actions ponctuelles, mais doit se vivre en transversalité dans l’entreprise : gouvernance, processus, culture, communication interne et externe.
Selon le site gouvernement français : « Une entreprise qui pratique la RSE va chercher à avoir un impact positif sur la société tout en étant économiquement viable. »
Pourquoi intégrer la RSE dans la stratégie globale ?
Avant de choisir le moment, il faut bien comprendre pourquoi la RSE mérite d’être intégrée.
1. Pour assurer la légitimité et la cohérence
Si la RSE reste cantonnée à des démarches périphériques, elle risque d’être perçue comme un vernis (greenwashing). En l’intégrant dans la stratégie globale, elle devient un axe structurant, incarné par la direction et les processus internes.
2. Pour anticiper les évolutions réglementaires et les attentes sociétales
Les cadres légaux français et internationaux restent en évolution constante. Adopter une stratégie RSE dès que possible permet de mieux anticiper les contraintes futures et de ne pas subir des injonctions.
3. Pour créer de la valeur : sociale, environnementale et économique
De nombreuses études montrent un lien entre RSE et performance économique. Par exemple, une étude de « Responsabilité sociale des entreprises et compétitivité » examine ce lien dans 8 500 entreprises françaises.

Du côté pratique, des économies peuvent émerger (réduction de déchets, efficacité énergétique, meilleur usage des ressources).
4. Pour renforcer l’attractivité, la fidélisation et l’engagement
Une stratégie RSE solide attire les talents, mobilise les collaborateurs et rassure les clients et partenaires. Par exemple, selon certaines études, plus de 80% des consommateurs sont plus enclins à acheter auprès d’entreprises démontrant un fort engagement sociétal.
À quel moment intégrer la RSE ?
Le moment idéal pour intégrer la RSE dépend largement du stade de développement de l’entreprise, de ses ressources et de sa maturité stratégique.
Pour une entreprise en création, start-up ou jeune structure, intégrer la RSE dès le départ permet de poser les fondations d’une culture d’entreprise responsable et d’ancrer des valeurs fortes dans la gouvernance et le modèle économique. C’est une occasion unique de bâtir des processus durables dès le début, sans avoir à les réajuster plus tard. En revanche, il est essentiel de rester réaliste : inutile de chercher à tout faire d’un coup. L’enjeu est de choisir quelques thèmes prioritaires, par exemple, la réduction des déchets ou la diversité, pour construire une démarche simple mais cohérente.
Lorsqu’une entreprise entre en phase de croissance ou passe le cap de la PME à l’ETI, c’est souvent le moment idéal pour structurer et formaliser sa démarche RSE. Elle dispose alors de plus de moyens humains et financiers pour mettre en place une véritable gouvernance, un plan d’action et des indicateurs de suivi. À cette étape, l’enjeu majeur est d’obtenir l’adhésion du top management et d’intégrer la RSE dans la stratégie de développement, plutôt que de la traiter comme un projet annexe.

Enfin, pour une entreprise plus mature ou de grande taille, la RSE peut servir de levier de transformation et d’innovation. Elle permet de redonner du sens à la mission de l’entreprise, de renforcer la cohésion interne et de répondre aux nouvelles attentes sociétales ou réglementaires. C’est aussi un moyen de repenser certains modèles économiques à travers la transition écologique, l’économie circulaire ou l’impact social. En revanche, cette étape comporte ses défis : risque de cloisonnement, de résistance au changement ou de coûts de transformation élevés.
En résumé, l’intégration de la RSE doit se faire dès que l’entreprise dispose d’une vision claire de ses valeurs et de son positionnement à long terme. Trop tôt, l’effort peut sembler dispersé ; trop tard, la démarche perd en crédibilité et en efficacité. Le bon moment, c’est celui où l’organisation est prête à aligner ses ambitions économiques avec ses responsabilités sociétales.
Comment intégrer la RSE : étapes et bonnes pratiques
Voici une feuille de route pragmatique pour basculer vers une stratégie RSE intégrée :
1. Réaliser un diagnostic et identifier les enjeux
- Cartographier les parties prenantes (salariés, fournisseurs, clients, collectivités, associations…),
- Construire une matrice de matérialité : hiérarchiser les enjeux selon leur importance pour les parties prenantes et leur impact sur l’entreprise,
- Mesurer les impacts (bilan carbone, cycle de vie, audit social) pour identifier les priorités. Hellocarbo, par exemple, considère le bilan carbone comme « la première brique de la RSE ».
2. Définir une vision, une raison d’être et des objectifs clairs
- Aligner la stratégie RSE avec les valeurs de l’entreprises, son brand purpose ou sa raison d’être (le « pourquoi »),
- Fixer des objectifs SMART (ex : réduction de 20% des émissions sur 5 ans),
- Choisir les cadres, normes ou référentiels (ISO 26000, ODD, labels sectoriels).

3. Déployer les actions dans les processus
- Intégrer les principes RSE dans les processus opérationnels (achats responsables, chaîne logistique, éco-conception, politique RH, gouvernance),
- Former et sensibiliser les collaborateurs, voire créer des « référents RSE » internes
- Mettre en place des indicateurs et un système de suivi.
4. Communiquer et faire vivre la démarche
- Transparence : rapport et/ou tableau de bord RSE à destination des parties prenantes,
- Raconter le avant/après, les progrès et les pistes d’amélioration,
- Impliquer les collaborateurs : témoignages, comités, ateliers participatifs,
- Faire entrer la démarche dans la culture d’entreprise (charte RSE, événements internes).
5. Suivre, évaluer, ajuster
- Mesurer périodiquement les résultats par rapport aux objectifs,
- Ajuster les actions, prioriser les sujets émergents,
- Adopter une logique d’amélioration continue.
Les obstacles à anticiper et les leviers de réussite
Obstacles fréquents
- Manque de ressources (humaines, financières),
- Résistance interne (managers, silos),
- Décalage entre les promesses et la réalité,
- Difficulté à mesurer les impacts ou à attribuer la responsabilité,
- Phénomènes de « greenwashing » ou de « RSE cosmétique ».
Leviers de réussite

- Engagement fort de la direction (effet levier),
- Gouvernance claire (réunions, comité RSE, pilote dédié),
- Collaboration intere (RH, finance, marketing, production),
- implication des parties prenantes (dialogue, co-conception),
- Transparence et communication régulière,
- Formation continue des collaborateurs.
Ne pas repousser l’intégration
Intégrer la RSE dans la stratégie globale de l’entreprise ne devrait pas être perçu comme un luxe, mais comme un investissement nécessaire dans la résilience, la crédibilité et la performance. Le moment idéal dépend de la maturité et des ressources de l’entreprise, mais le plus tôt possible et avec pragmatisme, est souvent le meilleur choix.
Enfin, pour maximiser l’impact et garantir la cohérence de la démarche, il est fortement recommandé de s’appuyer sur un accompagnement RSE structuré.