Les risques psychosociaux (RPS) font partie des enjeux majeurs de la santé au travail. Stress chronique, surcharge mentale, perte de sens ou conflits internes peuvent fragiliser les salariés et affecter durablement la performance de l’entreprise.
Mais comment les identifier concrètement ? Quels outils et indicateurs utiliser ? Et comment mettre en place une démarche fiable et durable ?
Cet article fait le point sur les méthodes d’identification des RPS, en s’appuyant sur les recommandations de l’INRS, de l’Assurance Maladie – Risques professionnels ainsi que du Ministère du Travail en matière de diagnostic RPS.
Pourquoi identifier les RPS
Des impacts humains et économiques significatifs
Les RPS peuvent avoir des conséquences lourdes sur la santé des salariés : stress, troubles du sommeil, anxiété, burn-out, voire dépression.

Selon l’INRS, ils se traduisent aussi par des impacts collectifs :
- Baisse de la productivité et de la motivation,
- Turnover élevé,
- Dégradation du climat social,
- Coûts économiques liés à l’absentéisme.
D’après la Dares, près d’un salarié sur quatre déclare être confronté à une situation de tension psychologique intense au travail.
Une obligation légale pour l’employeur
L’article L. 4121-1 du Code du Travail, impose à l’employeur de garantir la santé physique et mentale de ses salariés.
Cela implique d’évaluer les risques, y compris psychosociaux et de les consigner dans le document unique d’évaluation des risques (DUERP).
Identifier les RPS est donc une obligation réglementaire, mais aussi un levier de performance durable et de qualité de vie au travail (QVT).
Les six familles de facteurs de risques psychosociaux
L’INRS distingue six grandes familles de facteurs :
- Intensité et temps de travail : surcharge, objectifs inatteignables, horaires décalés.
- Exigences émotionnelles : gestion de clients mécontents, exposition à la détresse.
- Manque d’autonomie : faible pouvoir de décision, contrôle excessif.
- Rapports sociaux dégradés : conflits, manque de reconnaissance, absence de soutien.
- Conflits de valeurs : devoir agir contre ses convictions professionnelles.
- Insécurité de la situation de travail : instabilité, restructurations, incertitude.
Ces facteurs, isolés ou cumulés, augmentent le risque d’apparition de troubles psychosociaux. Identifier leur présence est la première étape du diagnostic.
Les signaux d’alerte à surveiller
L’identification des RPS passe par la détection de signaux faibles, souvent révélateurs d’un déséquilibre au travail.

Signaux individuels :
- Fatigue, irritabilité, perte de concentration.
- Retrait, isolement, conflits interpersonnels.
- Baisse de performance ou de motivation.
- Arrêts maladie à répétition, présentéisme excessif.
Signaux collectifs :
- Hausse du turnover ou des absences injustifiées.
- Réclamations fréquentes auprès des RH.
- Tensions entre équipes ou entre managers et collaborateurs.
- Détérioration du climat social.
La fonction publique propose des indicateurs de repérage tels que le taux d’absentéisme, le nombre de signalements ou d’accidents liés au stress. Ces données constituent une base précieuse pour le diagnostic.
Méthodes et outils pour identifier les RPS
Une identification efficace repose sur une approche croisée : données objectives, ressentis des salariés et observation terrain.
1. Les questionnaires
Les questionnaires internes ou anonymes permettent de recueillir le ressenti des salariés sur des thèmes clés : charge de travail, autonomie, reconnaissance, ambiance, équilibre vie pro/perso ou encore justice organisationnelle. Ils constituent une base utile pour mesurer la perception du climat social et détecter des zones de tension.
2. Les entretiens collectifs et individuels
Ils permettent d’approfondir la perception du travail, les sources de stress et de dynamiques relationnelles. Ces échanges offrent un complément qualitatif essentiel.

3. L’observation directe
L’analyse des pratiques réelles de travail (rythme, interruptions, ambiance, charge cognitive) met souvent en lumière des tensions invisibles dans les données chiffrées.
4. L’analyse documentaire
Examiner les indicateurs RH (absentéisme, turnover, accidents, enquêtes internes) et les retours du CSE permet d’objectiver les risques.
Les étapes d’un diagnostic RPS réussi
Un diagnostic efficace se déroule généralement en cinq étapes clés :
1. Cadrage et mobilisation
Définir le périmètre, les objectifs, les parties prenantes (direction, représentants du personnel, médecine du travail).
2. Collecte des données
Diffuser un questionnaire, mener des entretiens, observer les situations de travail.

3. Analyse et hiérarchisation
Croiser les données quantitatives et qualitatives, identifier les zones à risque, hiérarchiser selon l’impact et la fréquence.
4. Restitution et co-construction
Partager les résultats avec les acteurs internes pour co-construire des pistes d’action adaptées.
5. Plan d’action et suivi
Mettre en oeuvre les actions correctives, les inscrire dans le DUERP, mesurer leur impact et assurer un suivi régulier.
L’INRS recommande d’associer les salariés à chaque étape pour renforcer la pertinence du diagnostic et l’adhésion aux actions.
Les bonnes pratiques pour prévenir les RPS
- Agir collectivement : privilégier les solutions organisationnelles plutôt que purement individuelles.
- Impliquer les managers : leur rôle est clé pour repérer et réguler les tensions.
- Assurer la confidentialité des retours pour instaurer un climat de confiance.
- Communiquer régulièrement sur les résultats des actions.
- Réévaluer périodiquement les risques pour adapter les plans d’actions.
La prévention des RPS s’inscrit dans une démarche globale de qualité de vie et des conditions de travail (QVCT).

Pour conclure
Identifier les RPS, c’est avant tout analyser ls conditions de travail, les relations professionnelles et les sources de tension pour agir efficacement.
Une démarche structurée permet de prévenir les situations à risque, d’améliorer le climat social et de renforcer la santé mentale au travail.
Pour aller plus loin, il est essentiel de réaliser un diagnostic RPS afin d’objectiver les risques, hiérarchiser les priorités et mettre en place des actions de prévention efficaces.