Quels sont les 6 facteurs de risques psychosociaux ? Comprendre et agir pour la santé au travail.

Sommaire
Une jeune femme est en burn out et cherche à comprendre quels risques psychosociaux sont à l'origine de sont mal-être.

Les risques psychosociaux (RPS) regroupent l’ensemble des situations professionnelles pouvant altérer la santé mentale, physique ou sociale des salariés. Ils naissent souvent d’un déséquilibre entre les exigences au travail et les ressources disponibles pour y faire face. Selon le rapport Gollac et les travaux de l’INRS, six grandes familles de facteurs sont identifiés. 

Cet article a pour but de vous aider à comprendre ces facteurs, leur impacts concrets et comment agir efficacement pour prévenir les RPS au sein de votre organisation. 

1. L’intensité et le temps de travail

Description

Ce facteur regroupe la charge de travail, la pression temporelle et la variabilité des rythmes. Des objectifs flous ou irréalistes, un manque de pauses, des horaires étendus ou imprévisibles sont des signaux d’alerte

Le bureau d'un salarié est jonché de post-it, aliments de son déjeuné et d'une horloge.

Exemple concret

Un service sous pression constante pour répondre aux appels, avec un peu de pauses et des objectifs quotidiens changeants, est exposé à un haut niveau de stress. 

Données clés 

Selon l’INRS, les salariés travaillent plus de 48 heures par semaine présentent +20% de risque d’accident vasculaire cérébral

2. Les exigences émotionnelle  

Description

Elles concernent la capacité à gérer ses émotions dans la relation au travail : devoir rester calme, empathique, disponible, même face à la détresse, à l’agressivité ou à la souffrance d’autrui. Très présentes dans les métiers de soin, d’accueil ou d’enseignement.

Une jeune femme essaye de gérer au mieux ses émotions au travail et sourit malgré la situation instable.

Exemple concret

Un agent hospitalier doit soutenir des patients en fin de vie tout en maîtrisant sa propre charge émotionnelle. 

Enjeux

Une exposition prolongé à ces exigences sans soutien augmente le risque de burnout et de fatigue compassionnelle.

3. Le manque d’autonomie

Description 

Il s’agit du peu de latitude laissée au salarié pour organiser son travail, prendre des initiatives ou décider des priorités. Le manque d’autonomie, combiné à une forte exigence, crée un « job strain » (travail tendu), facteur majeur de stress chronique

Une salarié fait valider son travail à son supérieur hiérarchique avant de passer à la tâche suivante.

Exemple concret

Un téléconseiller contraint de suivre de scripts rigides, sans possibilité d’adaptation, se trouve privé d’autonomie. 

Enjeux

Un manque d’autonomie dans le travail limite la capacité d’un salarié à mobiliser ses compétences et à trouver du sens à ses missions.

Cela engendre souvent : 

  • Une perte de motivation et un désengagement progressif,
  • Une augmentation du stress perçu (car peu de contrôle sur les situations),
  • Un frein à l’innovation et à la résolution de problèmes,
  • Et, à long terme, au taux d’absentéisme plus élevé.

À l’inverse, offrir plus de marge de manoeuvre, d’initiative et de participation aux décisions renforce la satisfaction au travail, le sentiment d’efficacité et la cohésion d’équipe

Selon la Dares (enquête Conditions de travail 2019), les salariés disposant d’une forte autonomie déclarent deux fois moins de symptômes de stress chronique que ceux ayant une latitude faible. 

4. Les relations et le soutien social

Description

Les relations au travail (collègues, hiérarchie, clients) jouent un rôle déterminant. Un climat de confiance, de reconnaissance et de communication réduit le stress. À l’inverse, conflits, isolement ou injustices perçues renforcent les RPS

Une équipe de salariés travaillent ensemble dans la bonne humeur. Ils entretiennent de bonnes relations au travail.

Exemple concret

Une équipe managériale peu présente ou des tensions non traitées entre collègues créent un climat d’insécurité émotionnelle. 

Données clés

L’absence de soutien social au travail augmente de 40% le risque de troubles musculo-squelettiques liés au stress. 

« Depuis que nous avons renforcé les moments d’échange d’équipe, le climat s’est apaisé et les arrêts maladie ont chuté. » – Responsable RH, PME industrielle. 

5. Les conflits de valeurs

Description

Ils apparaissent quand un salarié doit agir en contradiction avec ses convictions personnelles ou professionnelles : qualité de service sacrifiée, pratiques commerciales discutables, éthique négligée… On parle alors de souffrance éthique.

Une femme se trouve devant une vitre remplie de post-it, elle hésite à prendre une décision car ses valeurs professionnelle sont en désaccord avec la tâche qui lui a été confié.

Exemple concret

Un soignant contraint de réduire le temps d’un soin pour atteindre des quotas ressent un conflit moral fort.

Risque associé

Le conflit de valeurs conduit souvent à un désengagement, voire à une perte de sens au travail.

6. L’insécurité de la situation de travail

Description

Ce facteur renvoie à l’incertitude professionnelle : peur du licenciement, précarité du contrat, changements fréquents d’organisation, manque de visibilité sur l’avenir. 

Le service RH d'une entreprise fournis son nouveau contrat à un salarié qui vient de se voir octroyer un CDI.

Exemple concret

Un salarié en CDD renouvelé chaque mois vit dans une insécurité permanente, affectant sa santé mentale et son engagement. 

Données clés

Selon la Dares, plus d’un tiers des salariés exposés à ces risques présentent un déficit de bien-être psychologique. 

L’effet cumulatif des facteurs RPS

Les risques psychosociaux ne s’additionnent pas simplement : ils se renforcent mutuellement. 

Exemple : forte charge + faible autonomie + absence de reconnaissance = stress chronique.

À l’inverse, un bon soutien hiérarchique ou une autonomie renforcée peuvent compenser des exigences élevées. 

Les nouveaux risques liés au numérique

Le télétravail, la surcharge informationnelle ou la connexion permanente ajoutent des dimensions inédites aux RPS :

  • Hyperconnexion et sentiment de devoir rester disponible,
  • Isolement des salariés à distance, 
  • Confusion entre vie pro et perso

Une jeune femme travail en télétravail avec son chien. La séparation vie pro, vie perso ne se fait plus.

Quelques chiffres à retenir

  • 36% des salariés exposés aux RPS déclarent un déficit de bien-être psychologique,
  • 33% évoquent des conséquences physiques liées au stress
  • Les femmes et les jeunes salariés sont les plus touchés par les exigences émotionnelles (Dares, Insee, enquête Conditions de travail 2024),
  • 45 000 ménages interrogés par l’INSEE en 2024,
  • 1 salarié sur 3 est concerné par au moins 3 facteurs RPS.

Comment agir concrètement ?

Évaluer les risques

  • Réaliser un diagnostic RPS interne ou accompagné,
  • Utiliser des outils de mesure et d’écoute (questionnaires, entretiens, baromètres).

Mettre en oeuvre un plan d’action

  • Ajuster la charge et les horaires,
  • Former les managers au management bienveillant
  • Créer des espaces d’expression collective.

Suivre et ajuster

  • Mesurer régulièrement les progrès,
  • Mettre à jour le document unique d’évaluation des risques (DUERP),
  • Communiquer de façon transparente.